วันพุธที่ 27 มิถุนายน พ.ศ. 2550

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Peut-on encore prendre l'art au sérieux ?





Un mot suffira au poète pour unir deux idées en apparence étrangères, en révéler la secrète accointance. La pensée abstraite est unidimensionnelle, l'art est multidimensionnel. « L'artiste, explique Paul Valéry, a accumulé, au moyen de la matière, une pluralité de pensées abstraites, d'actes simples. Mais une même chose en résulte. » C'est dire que l'art fait crédit à notre intelligence, lui présente d'emblée l'unité radicale du monde qu'elle ne peut quant à elle construire que pas à pas, péniblement, indéfiniment. On dira bien sûr que ce triomphe facile est illusoire, que l'artiste prend l'unité propre de son esprit, ou de son corps, pour la structure du réel, que sa pensée est donc plus magique que rationnelle. On peut même défendre l'idée que l'esthétique naît avec cette déception, qui permet de distinguer l'art, jeu subjectif de l'esprit avec lui même, du sérieux de la philosophie et des sciences. (voir l'article avant-garde.) L'art ne peut être considéré comme une réalité à part entière qu'avec sa désacralisation. Le Beau n'est ni le Vrai ni le Bien. Ainsi, l'art naîtrait au moment même où il devient un héritage du passé (Hegel).

On peut pourtant, comme Paul Valéry, souligner les affinités du Beau et de la vérité formelle des mathématiques. Une œuvre est un univers fermé, qui vaut en soi, avec ses lois propres ; elle constitue le lieu de différentes variations et transformations, analogues finalement aux propriétés d'un ensemble mathématique. Mais n'est-ce pas surtout constater que les mathématiques sont elles aussi un jeu ?

L'art a, sur le plan éthique, à voir avec l'idée de maîtrise de soi, d'indépendance et de distance à l'égard des passions. Non que l'art ignore les passions, mais plutôt parce qu'il les sublime et les donne à voir (voir Croce). Il ne s'agit pas de nier la foule de nos perceptions et de nos désirs, mais de les intégrer dans un tout, quand ils menaçaient notre unité. À lire Alain, le chant triomphe du cri, la danse de la passion; ces mauvais plis ne sont plus que les touches d'un instrument que nous effleurons librement. La mélopée transforme la peine, qui nous déchire, en un bel objet symétrique. L'œuvre d'art prend au piège les passions, révèle ce qu'il y a en elles d'éternel, en fait la matière d'une sorte de géométrie ou d'algèbre. L'art n'est donc certainement pas effusion passionnelle. Il est affirmation de la liberté du jeu au sein de la passion, par là même distanciation. Comme l'humour, il dépersonnalise la passion, la donne à voir du point de vue d'un être qui lui serait étranger. Ainsi la tragédie nous permet de contempler l'existence des hommes, leur agitation, comme au passé, c'est-à-dire du point de vue des Dieux. Pour autant, nous ne devenons pas étrangers aux passions, par exemple à la peur de la mort. C'est d'elles que le spectacle tire sa puissance de fascination. Aristote est l'inventeur de la théorie de la catharsis, selon laquelle l'art permettrait la purgation, la purge, de nos passions.

Si la notion de « beau » artistique qui a dominé l'histoire de l'art, depuis Platon jusqu'à Hegel a perdu aujourd'hui de sa reconnaissance, l’art cherche néanmoins toujours à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans le monde de l’esprit, ou peut-être même dans celui de l’âme. Ce faisant, l’immanent point derrière le permanent. L'artiste tente de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création. Dans ce sens tourné vers l'esthétique, l'art est une représentation particulière, personnelle, de la nature (entre physique et métaphysique), d'un sentiment, du sacré… mais aussi, tout simplement d'un inconscient surgi spontanément, voire consciemment (hypothèse du profondis).

La notion de « représentation » prend alors un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'œuvre d'art, et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par exemple, les toiles de Munch ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « univers », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer).

C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse: ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées (post-futurisme).

Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d'"art" est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.

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